L’Histoire du musée

Des jeunes gens descendent à la suite du général de Gaulle dans la rue de Rivoli pavoisée aux couleurs des Alliés. Paris, 26 août 1944.

L’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) est nommé en 1764 architecte ingénieur des Eaux et Forêts, puis architecte de la Ferme générale. Il réalise de nombreux édifices, tels le pavillon de musique de Madame Du Barry à Louveciennes, inauguré en 1771, ou le théâtre de Besançon, inauguré en 1784. Il est surtout célèbre pour la construction de la saline royale d’Arc-et-Senans, dans le Doubs, édifiée entre 1774 et 1779. Il se voit confier la réalisation des barrières de l’octroi à Paris en 1785. Les pavillons de la barrière d’Enfer font partie de cette enceinte, composée de 24 kilomètres de murs et d’une cinquantaine de barrières, où était perçu le paiement de la douane sur les marchandises entrant dans Paris.

Ledoux et sa fille

Attribué à Antoine-François Callet (1741-1823), Nicolas Ledoux (1736-1806), architecte avec sa fille Adélaïde, Huile sur toile, Paris, musée Carnavalet

© Paris Musées / musée Carnavalet

 

Les deux pavillons de Denfert-Rochereau, les pavillons de la barrière du Trône et les rotondes de la Villette et du parc Monceau ont été classés monuments historiques en 1907.

Le Campion, Claude Nicolas Ledoux, Barrière sur la route d'Orléans, Gravure, Paris, musée Carnavalet  © Paris Musées / musée Carnavalet

Le Campion, Claude Nicolas Ledoux, Barrière sur la route d'Orléans, Gravure, Paris, musée Carnavalet

© Paris Musées / musée Carnavalet

L’histoire des pavillons est liée à celle de la ville de Paris et à celle des barrières de l’octroi (impôt perçu sur l’entrée des marchandises dans Paris). Édifiés sur la route d’Orléans à partir de 1785 par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux pour la collecte de l’octroi, les deux pavillons rectangulaires et symétriques de quatre étages sont dotés de grands vestibules et ornés d’une frise du sculpteur Jean-Guillaume Moitte, Prix de Rome en 1768.


Lors de l’agrandissement de Paris dans les années 1860, le pavillon ouest abrite dès 1867 le service de la voie publique de la ville de Paris, le laboratoire d’essais des matériaux (LEM) et l’Inspection générale des carrières (IGC).
Le développement des activités du laboratoire nécessite en 1890 la construction d’un bâtiment supplémentaire en briques, en forme de U, à l’arrière du pavillon. La cour est recouverte quelques années plus tard.


Du 20 au 28 août 1944, lors de la Libération de Paris, l’état-major des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la région parisienne, sous les ordres du colonel Rol, s’établit clandestinement dans l’abri de défense passive sous le pavillon ouest. Cet événement est déterminant dans le choix d’implanter le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin dans ce pavillon en 2019.

En 1867, la ville de Paris ouvre un laboratoire destiné à vérifier la qualité des pavés. Il prend place au troisième étage du pavillon ouest. Ses activités se multiplient peu à peu. En 1873, il contrôle les ciments utilisés pour les canalisations en béton. Les agents du « laboratoire d’essais des matériaux » (LEM) délivrent le label « VP » (« Ville de Paris »). Le cahier des charges du laboratoire constitue le fondement du contrôle de la qualité des ciments en France.


Les carrières souterraines parisiennes sont exploitées depuis le Moyen Âge. En 1777, à la suite d’effondrements désastreux, le roi Louis XVI crée par décret l’Inspection des carrières, administration chargée de surveiller le sous-sol de la ville et des environs. Le service de l’Inspection générale des carrières (IGC), établi initialement dans le pavillon ouest, est déplacé en 1888 dans le pavillon est. Il est rattaché en 1968 à la ville de Paris.


Remerciements à Sylvie Gosselin et à Jessica Lecènes.

1785 – Construction des pavillons de la barrière d’Enfer, sous la direction de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, pour les services de l’octroi.

1785 – Construction des pavillons de la barrière d’Enfer, sous la direction de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, pour les services de l’octroi.

Anonyme, La liberté des entrées par la Barrière d'Enfer le 1er Mai 1791, Estampe, Paris, musée Carnavalet

© Paris Musées / musée Carnavalet

 

1860 – Annexion des communes limitrophes de Paris ; fin de la perception de l’octroi à la barrière d’Enfer.

1867 – Le laboratoire de contrôle des pavés, ancêtre du laboratoire d’essais des matériaux, est installé avec l’Inspection générale des carrières dans le pavillon ouest, à la place des services de l’octroi.

1888 – Déplacement de l’Inspection générale des carrières dans le pavillon est.
1890 – Construction d’un bâtiment industriel, en forme de U, à l’arrière du pavillon ouest, pour agrandir les locaux du laboratoire d’essais des matériaux.

Le bâtiment en U avant sa couverture par une verrière, sans date, collection du Laboratoire d’essais des matériaux de la ville de Paris.

Le bâtiment en U avant sa couverture par une verrière, sans date, collection du Laboratoire d’essais des matériaux de la ville de Paris.

 

1907 _ Les pavillons Ledoux sont classés monuments historiques

1938-1939 – Aménagement d’un abri de défense passive dans le sous-sol de chacun des pavillons ; l’abri du pavillon ouest est équipé pour permettre aux services techniques de la ville de fonctionner en cas de repli.

20-28 août 1944 – Le colonel Rol, chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la région parisienne, établit son poste de commandement dans l’abri du pavillon ouest, inutilisé pendant l’Occupation.

1994 – Ouverture du mémorial du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du musée Jean Moulin sur la dalle Atlantique, au-dessus de la gare Montparnasse.

2015 – Annonce du transfert du musée par Anne Hidalgo, maire de Paris, pour une ouverture le 25 août 2019.

2017 – Début du chantier du bâtiment.

Le chantier, octobre 2017/photo Christophe Batard

Le chantier, octobre 2017

© Ch. Batard, agence Artene

 

25 août 2019 – Inauguration du musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin.

Ils ont fait l'Histoire, nous vous la racontons

« Nous espérons susciter la réflexion sur les enjeux de ces combats dont l’écho résonne singulièrement aujourd’hui. » Sylvie Zaidman, directrice du musée

Le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin porte les voix et les récits de celles et ceux qui ont résisté, et pose la question centrale de l’engagement, au coeur d’un monde en guerre.

Jean Moulin et le général Leclerc vous guident au fil d’un parcours ponctué de rencontres et de face à face avec plus de 300 objets, documents originaux, photographies, vidéos d’archives ou de témoignages qui évoquent la résistance, les combats, la répression, la clandestinité et la liberté retrouvée.

1994 : création du musée à Montparnasse

Le musée est né de la donation de la Fondation du Maréchal Leclerc de Hauteclocque et du legs d’Antoinette Sasse – peintre, résistante et amie de Jean Moulin – à la Ville de Paris.

Inauguré à l’été 1994 pour le 50e anniversaire de la Libération de Paris, sous les noms de mémorial du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et musée Jean Moulin, les musées sont créés au-dessus de la gare Montparnasse, face au jardin Atlantique (photo). 

Conçu sous la direction de Christine Levisse-Touzé, historienne, conservateur général, directrice du musée entre septembre 1991 et octobre 2017, le musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris – musée Jean Moulin fait partie depuis 2013 de l’établissement public Paris Musées. La visite mettait alors en parallèle l’action et le parcours du général Leclerc et de Jean Moulin sur la toile de l’Histoire de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance de juin 1940 à la Libération en 1944. Le parcours permanent, les 36 expositions temporaires réalisées et la dense programmation scientifique ont abordé au fil des ans les différentes facettes de la Seconde Guerre mondiale. 

Le musée a fermé ses portes à Montparnasse le 1er juillet 2018, pour déménager dans un nouveau site.

2019 : le musée fait peau neuve place Denfert-Rochereau

La Ville de Paris décide en 2015 de donner une visibilité nouvelle au musée. Le choix est fait de transférer le musée dans un lieu plus accessible, mais aussi porteur des traces de la Libération de Paris : les pavillons de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux conçus en 1787 place Denfert-Rochereau.

En effet un haut lieu de commandement de la Libération de Paris, inconnu du public, se cache dans le sous-sol du pavillon Ouest : un abri de défense passive utilisé comme poste de commandement par le colonel Rol, le chef des FFI de la région parisienne, dès le début de l’insurrection populaire contre l’occupant le 19 août 1944. 

Le déménagement est l’occasion pour le musée de faire peau neuve, avec un nouveau site, un nouveau parcours et une programmation nouvelle : un projet conçu sous la direction de Sylvie Zaidman, historienne, conservateur en chef du patrimoine et directrice du musée, avec le concours du conseil scientifique du musée.

Le projet architectural est mené par Christophe Batard (agence Artene), architecte en chef des Monuments Historiques, et la scénographie est signée Marianne Klapisch (agence Klapisch-Claisse). Après quatre années de chantier, le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc - musée Jean Moulin a ouvert ses portes au public à l’occasion d’une date symbolique : le 25 août 2019, pour le 75e anniversaire de la Libération de la capitale.

Le conseil scientifique du musée

Le conseil scientifique du musée est composé d’historiens, de conservateurs, d’experts et de
directeurs de musée.

Président :
André KASPI, professeur émérite de l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.


Membres :
Jean-Pierre AZÉMA, professeur honoraire à l’IEP de Paris.
Serge BARCELLINI, contrôleur général des Armées, Président du Souvenir Français.
Général Robert BRESSE, président de la Fondation de la France libre.
Général Jean-Paul Michel, président de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque et de l'association des Anciens de la 2ème DB
Hanna DIAMOND, historienne, professeur à l’université de Cardiff.
Thomas FONTAINE, directeur du musée de la Résistance nationale, docteur de l’université.
Jacques FREDJ, directeur du Mémorial de la Shoah.
Patricia GILLET, conservateur en chef aux Archives nationales.
Vincent GIRAUDIER, chargé d’études documentaire au musée de l’Armée, responsable de l’historial de Gaulle.
Antoine GRANDE, directeur des Hauts lieux de mémoire en Île-de-France.
Fabrice GRENARD, chef du département Recherche et Pédagogie de la Fondation de la Résistance.
Élisabeth HELFER AUBRAC, membre du jury du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
Christine LEVISSE-TOUZÉ, docteur ès Lettres, conservateur général honoraire du patrimoine de la Ville de Paris, directrice honoraire du musée du général Leclerc de Hauteclocque et de la libération de Paris – musée Jean Moulin, directeur de recherche associé à l’université Paris-Sorbonne.
Stefan MARTENS, directeur adjoint de l’Institut Historique allemand de Paris.
Guillaume NAHON, directeur des Archives de Paris.
Isabelle RIVÉ, directrice du Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon.
Dominique ROSSIGNOL, docteur ès Lettres.
Yann SIMON, enseignant en histoire-géographie, professeur-relais du musée.
Peter STEINBACH, directeur scientifique de la Gedenkstätte Deutscher Widerstand (Mémorial de la Résistance allemande, à Berlin).
Danielle TARTAKOWSKY, présidente honoraire de l’université Paris 8, présidente du comité d’histoire de la Ville de Paris.
Julien TOUREILLE, enseignant en histoire-géographie, docteur de l’Université.
Vladimir TROUPLIN, conservateur du musée de l’Ordre de la Libération.
Dominique VEILLON, directrice de recherches honoraire au CNRS.
Olivier WIEVIORKA, professeur à l’École Normale Supérieure.
Sylvie ZAIDMAN, docteur de l’Université, conservateur en chef du patrimoine, directrice du musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc - musée Jean Moulin.