Daniel Cordier (1920-2020) - L'espion amateur d'art

Daniel Cordier à Paris en 1945

Du 19 mars au 13 juillet 2025, le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin dédie sa nouvelle exposition à Daniel Cordier, personnalité inclassable aux multiples facettes. Du jeune patriote maurrassien devenu l’un des visages des valeurs républicaines, combattant impulsif puis chroniqueur appliqué de l’engagement de Jean Moulin, jusqu'au marchand d’art et galeriste, devenu « grand témoin » de la guerre, Daniel Cordier a traversé cent ans d’histoire avec un profond désir de liberté. Cinq ans après sa mort et alors qu’un nouveau tome de ses mémoires posthumes paraît en ce début d’année, cette exposition redonne vie et corps à son parcours singulier traversant un siècle de passions et d’engagements.

L'exposition

L’exposition dévoile des archives secrètes comme des cahiers d’espions, des faux-papiers, une écharpe de camouflage, ainsi que des objets personnels et militaires, des pages manuscrites d’un ouvrage, des objets de curiosité, et même la légende (identité de couverture) donnée à Daniel Cordier par les services de renseignements. Elle montre également des œuvres que le galeriste a rassemblé avec passion, de Marcel Duchamp, Mimi Parent, Jean Dubuffet, Henri Michaux, Michel Nedjar à Brassaï.

Réalisée à partir de l'exposition présentée au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne en 2023, l'exposition au musée de la Libération de Paris présente de nombreux prêts issus des collections du Centre Pompidou, du musée de l’Ordre de la Libération, du Centre Historique de la Résistance et de la Déportation, du Service Historique de la Défense et des Archives nationales.

J’ai choisi pour votre personnage le pseudonyme de “Caracalla”. J’espère qu’il vous plaira.

Roger Vailland à Daniel Cordier

Aujourd’hui pour retracer une aventure qui fut, par ses coïncidences, ses coups de théâtre et ses tragédies, essentiellement romanesque, ce pseudonyme imaginaire a ma préférence sur tous ceux qui me furent attribués dans la Résistance.

Daniel Cordier Extrait de Alias Caracalla
L'affiche de l'exposition "Daniel Cordier (1920-2020) - L'espion amateur d'art

Le parcours

Dans chaque section du parcours, un dispositif audiovisuel présente des animations graphiques et des témoignages de Daniel Cordier, donnant vie aux documents et objets exposés.

Un adolescent d’extrême droite 

Jeune militant élevé dans un milieu d’extrême-droite, Daniel Cordier s’investit dans le militantisme tandis que la doctrine royaliste, nationaliste, antidémocratique et antisémite lui semble répondre à toutes ses questions. Lorsqu’il entend le 17 juin 1940 l’appel à cesser le combat lancé par le maréchal Pétain, il est bouleversé puis révolté, et décide de continuer la lutte. Des documents (une lettre à sa mère, son bulletin de notes en internat, des tracts maurrassiens) dévoilent une enfance tiraillée entre sa loyauté à son père et son affection pour son beau-père, et permettent de comprendre son activisme d’extrême-droite.

Le soldat de la France libre 

Après avoir quitté la France, Daniel Cordier s’engage dans l’armée formée par le général de Gaulle. Lui qui n’a jamais combattu apprend à devenir un soldat puis un agent des services secrets. L’exposition dévoile des documents concernant la formation de militaire puis d’espion de Daniel Cordier : ses évaluations par les formateurs et des notes de cours, ainsi que ses prises de position politique racontent le chemin parcouru en quelques mois.

Le clandestin en France occupée 

Parachuté en France occupée, Daniel Cordier doit affronter les diffcultés de la vie clandestine. Aux côtés de Jean Moulin, dont il devient le secrétaire, il découvre les réalités quotidiennes de son propre pays occupé et l’activité de la Résistance. Le visiteur découvrira l’élaboration complète de sa fausse identité, le télégramme actant la constitution du premier Conseil de la Résistance ainsi que les plans de Cordier pour tenter de faire évader Jean Moulin après son arrestation.

Photographie de Jean Moulin en 1939 à Montpellier. 
Crédit : Musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin.
Photographie de Daniel Cordier à Delville Camp en juillet 1940. 
Crédit : Musée de l'Ordre de la Libération, Paris.

L’amateur d’art 

Daniel Cordier découvre l’art grâce à ses conversations avec Jean Moulin et sa lecture du livre sur l’art contemporain que ce dernier lui offre en mai 1943. Après la guerre, il commence à collectionner et s’essaye à la peinture avant de devenir un galeriste reconnu puis un mécène généreux et engagé. L’exemplaire original de l’ouvrage offert par Jean Moulin introduit la partie de l’exposition dédiée aux galeries de Daniel Cordier et à sa collection, lui qui fut proche des surréalistes comme Marcel Duchamp, André Breton, ou des artistes de l’Art brut, comme Jean Dubuffet. 

Grâce à des prêts du musée national d'Art Moderne - Centre Pompidou, des œuvres emblématiques de sa collection seront présentées, ainsi que des curiosités naturelles ou des objets extra-occidentaux dont il appréciait les formes.

Façade de la galerie Daniel Cordier, 8 rue de Miromesnil à Paris
Façade de la galerie Daniel Cordier, 8 rue de Miromesnil à Paris © Toulouse, les Abattoirs Musée - Frac Occitanie

L’historien et le mémorialiste 

Rappelé sans cesse à son passé d’ancien combattant, c’est face aux accusations contre Jean Moulin que Daniel Cordier décide de se faire historien. Auteur d’une importante biographie de son ancien « patron », il décide à la fin de sa vie d’écrire ses propres mémoires. Cette section est l’occasion de découvrir les liens que Daniel Cordier a conservé toute sa vie avec les anciens de la France libre, comme en témoigne son attestation de compagnon de l’Ordre de la Libération, et sa loyauté vis-à-vis de Jean Moulin, panthéonisé en décembre 1964.

Transcription des documents présents dans cette section

Commissariat général 

Sylvie Zaidman, historienne et directrice du musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin

Antoine Grande, historien et ancien directeur du musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

 

Conseil scientifique

Alfred Pacquement, historien d'art et directeur honoraire du musée national d'Art moderne - Centre Pompidou

Mécène

Cette exposition bénéficie du soutien de la Fondation d’entreprise Carac.

 

Autour de l'exposition

Visite guidée de l'exposition

En compagnie d’une conférencière, cette visite guidée propose de découvrir l’exposition consacrée à la vie de Daniel Cordier. Combattant de la France Libre dès 1941 puis secrétaire de Jean Moulin, Cordier devient ensuite l’un des galeristes les plus actifs de Paris après-guerre, puis historien, mécène et donateur de plus de 500 œuvres au musée national d’Art moderne – Centre Pompidou.

Réserver

Daniel Cordier à Paris en 1945

Conférences

Un cycle de rendez-vous éclairera les différentes facettes de Daniel Cordier et du contexte historique.

Daniel Cordier, 100 ans de passions

Jeudi 10 avril de 18h30 à 20h30
Entrée gratuite - Sans réservation dans la limite des places disponibles

Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne et éditrice des mémoires posthumes de Daniel Cordier, nous invite à suivre un parcours extraordinaire, depuis le jeune militant d’extrême-droite jusqu’à l’historien, en passant par le clandestin en lien avec la Résistance et le collectionneur d’art. Cent années de vie, sur lesquelles Cordier lui-même revient dans le film que lui consacrent Bernard George et Régis Debray, revenant sur les lieux de son passé.

Projection du film documentaire Daniel Cordier, la Résistance comme un roman réalisé par Bernard George, en collaboration avec Régis Debray

Daniel Cordier, l'espion de la France libre

Jeudi 15 mai de 18h30 à 20h30
Entrée gratuite - Sans réservation dans la limite des places disponibles

Sébastien Albertelli, fin connaisseur des services secrets de la France libre, détaillera leur fonctionnement avec l'appui du Special Operations Executive (SOE) britannique. Daniel Cordier y suit la formation d’espion, d’opérateur radio et de saboteur. Les activités de ces agents, parachutés dans l’Europe occupée pour aider la résistance et nuire aux Allemands, est mise en valeur dans le film de 1947 de Teddy Baird, docu-fiction avant la lettre, qui raconte le parcours de deux espions britanniques en France.

Projection du film Now it can be told de Teddy Baird 1947

Daniel Cordier, du secrétaire de Jean Moulin au mémorialiste

Jeudi 22 mai de 18h30 à 20h30
Entrée gratuite - Sans réservation dans la limite des places disponibles

Parachuté en France en juillet 1942, Daniel Cordier devient le secrétaire de Jean Moulin. Spécialiste reconnu de l’histoire de la Résistance, Laurent Douzou reviendra sur les missions du jeune engagé de la France libre auprès de l’envoyé du général de Gaulle. Après la guerre, Cordier reste attaché à ce moment de son existence et finit par consacrer la fin de sa vie à l’écriture d’une biographie de Jean Moulin. Le film de William Karel revient sur l’impérieuse nécessité pour Cordier de défendre la mémoire de Jean Moulin.

Projection du film documentaire Jean Moulin, lettre à un inconnu de William Karel.

Daniel Cordier, l'amateur d'art

Mercredi 4 juin de 18h30 à 20h30
Entrée gratuite - Sans réservation dans la limite des places disponibles

Alfred Pacquement est l’un des meilleurs connaisseurs de la collection de Daniel Cordier. En tant que directeur du musée national d’art moderne, il a entretenu des échanges fructueux avec Daniel Cordier, sur ses goûts, sa conception de la collection et de la conservation dans les collections publiques.

Projection du film documentaire Daniel Cordier le regard d’un amateur réalisé par Alain Fleischer.

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