Jean Moulin (1899-1943)
Né à Béziers dans une famille provençale à laquelle il sera toujours très lié, Jean Moulin mène avant la guerre une carrière dans l’administration préfectorale et dans les cabinets ministériels tout en pratiquant le dessin. Proche de Pierre Cot, ministre de l’Air du Front populaire, il est chargé de mener secrètement l’aide à l’Espagne républicaine en 1936. Patriote, il se voit pourtant refuser l’incorporation lorsque la guerre contre l’Allemagne est déclarée le 3 septembre 1939. Jean Moulin est au cœur de la débâcle alors que, en poste en Eure-et-Loir, il voit la foule des réfugiés sur les routes de l’exode auxquels il s’efforce de venir en aide. Le 17 juin 1940, il accueille les Allemands vainqueurs à Chartres. Torturé par l’Occupant pour extorquer sa signature, Moulin préfère le suicide plutôt que le déshonneur. Il est soigné mais en garde la cicatrice.
Le projet de Jean Moulin prend forme peu à peu. Il est révoqué de son poste de préfet par Vichy le 2 novembre 1940. Il noue alors des contacts avec les milieux résistants en zone sud, moins facilement en zone occupée, puis part pour Marseille d’où il parvient à gagner le Portugal puis le Royaume-Uni. Il se présente au général de Gaulle le 25 octobre 1941 comme l’émissaire de la Résistance intérieure. Le chef de la France libre le désigne comme son représentant personnel, et lui fixe la mission d’organiser la Résistance en zone sud en tissant les liens avec la France libre. Commence alors un travail dangereux et harassant de contacts et de coordination, mené avec sa toute petite équipe pour inciter les chefs de la Résistance intérieure, soucieux de leur autonomie, à structurer les liens avec Londres. Jean Moulin est alors officiellement un propriétaire à la recherche d’un local à Nice pour installer une galerie d’art, qui ouvre le 9 février 1943. Lors d’un deuxième voyage à Londres en février-mars 1943, Moulin est fait compagnon de la Libération par le chef de la France Libre, Charles de Gaulle. Il va plus loin dans la coordination et met sur pied un conseil de la Résistance groupant les mouvements de Résistance et les anciens partis politiques et syndicats. Cela ne va pas sans difficulté mais, le 27 mai 1943, Jean Moulin parvient à réunir, en plein Paris occupé, le premier Conseil de la Résistance, bientôt appelé Conseil national de la Résistance.
L’étau se resserre. Le 21 juin 1943, Moulin et les résistants participant à une réunion à Caluire-sur-Cuire sont arrêtés. Torturé par la Gestapo lyonnaise puis par la Gestapo parisienne, Jean Moulin meurt dans le train qui le transporte en Allemagne, probablement le 8 juillet 1943. Ses cendres sont transférées au Panthéon le 19 décembre 1964.