Biographie d’André Zucca (1897-1973)

Vue sur les espaces du musée

André Zucca est né à Paris. Après une installation familiale à New York, le retour à Paris est une suite d’errances. Il découvre la photographie et réalise des portraits pour la revue Comœdia.


Après un premier grand reportage dans les pays méditerranéens en 1935-1936 suit un tour du monde sur un cargo en 1937. Il travaille alors pour les meilleurs titres de la presse illustrée : Paris-Soir, Paris Match, Life, Picture Post. En 1939, à 42 ans, marginal, c’est un grand professionnel.   


Pendant « la drôle de guerre », il est correspondant de guerre sur le front de Carelie, et fait équipe avec Joseph Kessel pour Paris-Soir.
D’août 1941 à 1944, il est le correspondant du magazine allemand de propagande Signal qui vante la suprématie de la Wehrmacht. Accrédité par l’occupant, il est le seul à obtenir des pellicules Agfacolor pour fournir les quelques pages en couleur de Signal. 


Il photographie Paris occupé, se rend en province et rassemble une documentation en couleur unique dont l’intérêt et les valeurs esthétiques sont utilisés par la propagande allemande. Il arpente les beaux quartiers comme les plus populaires et brosse un tableau de la capitale qui répond aux attentes de son commanditaire et à ses propres exigences esthétiques. Il engrange ainsi quantité de vues en noir et blanc et en couleur sur une part de la vie quotidienne (les mondanités, les élégantes parisiennes plus que les queues devant les magasins, les juifs portant l’étoile), les transformations générées par les troupes allemandes, les événements, manifestations et personnalités qui marquent  l’Occupation. Ces photographies de propagande (6 000 négatifs) changent de statut  après la Libération et, resituées dans leur contexte, deviennent des documents historiques en même temps que des œuvres pour certaines d’entre elles par la qualité des angles de prise de vue, le traitement de la lumière.


En 1944, Zucca photographie la libération de Paris. Correspondant de guerre il rejoint la 1e armée du général de Lattre de Tasssigny. Arrêté pour collaboration avec l’ennemi, l’affaire est classée le 8 octobre 1945. Il s’installe près de Dreux,  tient une boutique de reporter photographe pendant 20 ans et classe ses archives achetées par la BHVP en 1986.

Françoise Denoyelle
Historienne, commissaire. Experte en photographie 
Professeure des Universités émérite
ENS Louis-Lumière
Chercheure associée Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne
Centre d'Histoire sociale du XXe siècle    

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