Entre attente et incertitude : les personnes déplacées dans l’Europe d’après-guerre, 1945-1952

Marianne Amar, chercheuse, affiliée à l’Institut Convergences Migrations, nous conduit, à la suite des réfugiés, après la Seconde Guerre mondiale. Qui sont ces personnes déplacées ? Quel est leur nombre ? Quel est leur sort ? Une histoire qui nous emmène jusqu’à la création du statut de réfugiés en 1951.

RÉSUMÉ

Combien sont-ils, en mai 1945 ? Vingt millions, peut-être plus, pris dans un chaos indescriptible : prisonniers, déportés, travailleurs forcés victimes du IIIe Reich ; femmes et hommes qui fuient devant l’avance de l’Armée rouge ; Allemands expulsés.

A la fin de l’année, après les rapatriements massifs de l’été, reste un million de « personnes déplacées », prises en charge par les autorités alliées d’occupation et les organisations internationales – réfugiés et expulsés allemands en sont exclus. Souvent regroupés dans des camps organisés par nationalité, ces déplacés bientôt rejoints par les néo-réfugiés de guerre froide vivent dans un monde clos, coupés du réel, pris entre une attente infinie et des circulations incessantes.

Cette histoire née de la guerre trouvera une issue juridique avec l’élaboration du statut du réfugié en 1951 Mais elle ne peut être détachée des impératifs de la reconstruction économique dans le monde, qui contraignent les réfugiés au travail, infléchissent leurs trajectoires sociales et brouillent la définition des catégories.

BIBLIOGRAPHIE

Aline Angoustures, Dzovinar Kevonian et Claire Mouradian (dir.), Réfugiés et apatrides. Administrer l’asile en France (1920-1960), Presses Universitaires de Rennes, 2017.

Gerard Daniel Cohen, In War’s Wake. Europe’s Displaced Persons in the Postwar Order, Oxford University Press, 2012.

Gerard Daniel COHEN, « Naissance d’une nation : les personnes déplacées de l’après-guerre », Genèses, 38, mars 2000, p. 56-78.

Corine Defrance, Juliette Denis, Julia Maspero (dir.), Personnes déplacées et guerre froide en Europe occupée, P.I.E Peter Lang, 2015.

Peter Gatrell, The Unsettling of Europe. How Migration reshaped a continent, Basic Books, 2019.

Ben SHEPHARD, Le long retour, 1945-1952 : l'histoire tragique des déplacés de l'après-guerre, Albin Michel, 2014.

BIOGRAPHIE

Marianne Amar est historienne. Affiliée à l’Institut Convergences Migrations, chercheuse associée à l’Institut des sciences sociales du politique, ses recherches portent sur les réfugiés des années 1930-1950 et sur les récits de soi en migration.

Responsable de la recherche au Musée national de l'histoire de l'immigration, elle a en charge l’animation et les partenariats scientifiques. Co-commissaire de plusieurs expositions, elle participe, depuis 2017, au commissariat scientifique de la refonte des Galeries permanentes du musée.

Marianne Amar

 

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