Les soldats du désert. Leclerc et les Britanniques (1940-1943)

Faya Largeau, Lybie

Alors que la France est aux mains de l’Allemagne nazie, quelques Français décident de continuer le combat. Philippe de Hauteclocque dit « Leclerc » est de ceux-là. En août 1940, le général de Gaulle l’envoie en Afrique équatoriale pour rallier des territoires à la France Libre. Puis il lui confie une nouvelle mission : prouver que les Français Libres n’acceptent pas l’armistice de juin 1940 et continuent la guerre. Dans le désert de Libye, avec l’aide des Britanniques, Leclerc lance sa petite colonne de soldats contre les postes italiens, écrivant ainsi l’épopée saharienne de la France Libre.

L’exposition retrace cette histoire, du Nigeria au Tchad, des oasis de Libye jusqu’en Tunisie. Au fil des missions en pirogue, des reconnaissances, des raids dans un environnement hostile, on découvre les portraits de ces soldats, connus ou inconnus, mais aussi une fraternité d’armes entre Français Libres et Britanniques face aux ennemis : les forces italiennes, l’Afrikakorps, le désert.

Une cinquantaine de pièces rarement exposées - films, photographies, armes, uniformes, équipements et autres pièces militaires parfois réinventées pour affronter le désert - plonge le visiteur au coeur du Sahara.
Ces pièces sont issues pour moitié des collections propres du musée, dont une salle du parcours permanent est dédiée à cet épisode historique. L’exposition temporaire est un approfondissement de l’histoire des Français Libres de la colonne Leclerc, mettant en exergue les nécessaires relations avec les alliés britanniques. Portraits, documents, objets et photographies font le récit d’un engagement différent mais solidaire.

L’exposition présente également de nombreuses pièces provenant de musées partenaires en France et à l’étranger, tels que le musée de l’Ordre de la Libération, le musée de l’Armée, le musée de Strasbourg, l’lmperial War Museum et le National Army Museum de Londres.

Un épisode d'une vaste histoire

En cet été 1940, la France du gouvernement de Vichy a négocié un armistice avec les Allemands et quitte la scène de la guerre. Le Royaume-Uni reste seul contre le Reich et l’Italie. Il s’appuie sur toutes les forces qui viennent rejoindre Londres, dont celles du général de Gaulle. Pour le chef de la France Libre, il est impératif que la France reprenne place dans le conflit aux côtés des Alliés.

Dès septembre 1940, loin des capitales européennes, les chefs de guerre italiens et britanniques s’efforcent de conquérir la maîtrise de la Méditerranée et l’accès au canal de Suez. Plus loin encore, de l’autre côté de la Libye, une petite colonne de Français Libres du Tchad, commandée par le colonel Leclerc mène des raids sur les positions italiennes. Comme les nommera Malraux, ce sont des « clochards épiques » qui dépendent de l’approvisionnement en matériel et armes britanniques. La victoire que remporte Leclerc avec 400 hommes le 1er mars 1941 à Koufra, un fort italien au milieu du Sahara, sera la première réussite autonome de la France Libre.

L’exposition mène le visiteur du Nigeria britannique, où atterrit Leclerc en août 1940, au Cameroun, pris par les Français Libres quelques semaines plus tard, mais aussi au Tchad et dans les oasis italiennes de Libye, attaquées par la colonne Leclerc, et jusqu’en Tunisie pour affronter l’Afrikakorps.

Des personnalités fortes

Cette histoire n’aurait pu s’écrire sans l’action d’hommes aux forts caractères. Ce sont d’abord les chefs, Winston Churchill et Charles de Gaulle, qui mènent le combat, non sans moments orageux entre eux. Sur le terrain, rien  n’aurait pu se faire sans des personnalités décidées, au premier rang desquels Philippe de Hauteclocque, jeune capitaine français qui rallie le général de Gaulle pour continuer à se battre. Chargé de mission politique et militaire, il apprend rapidement à maîtriser les situations et les hommes et devient un chef de guerre de la France Libre. Durant cette « épopée des sables », il rencontre des Britanniques aussi volontaires qu’audacieux. Parmi eux Ralph Bagnold, un « maître saharien ». Spécialiste de la navigation dans le désert, il est à l’origine du Long Range Desert Group (LRDG) : une formation motorisée légendaire conçue pour mener des raids loin derrière les lignes italiennes. C’est Bagnold qui prend contact avec les Français Libres du Tchad pour obtenir le ravitaillement de ses patrouilles motorisées.

Fanion de la Sahariana remis à Leclerc, Photo George Rodger (Magnum Photos)
Fanion de la Sahariana remis à Leclerc
© George Rodger / Magnum Photos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Côté français, de nombreux portraits de soldats et officiers incarnent et racontent cette « colonne Leclerc », comme le lieutenant-colonel Jean Colonna d’Ornano. Méhariste renommé, il participe au ralliement du Tchad pour la France Libre. En novembre 1940, désireux de se battre, il négocie sa participation au raid britannique contre Mourzouk. L’opération est un succès, mais, touché à la gorge, Colonna d’Ornano est le premier mort au combat de la France Libre.

Leclerc au milieu des hommes de la patrouille néo-zélandaise R2 du LRDG, décembre 1941-janvier ou février 1942.
Leclerc au milieu des hommes de la patrouille néo-zélandaise R2 du LRDG, décembre 1941-janvier ou février 1942. Coll. Troadec, Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin

 

Des objets de légende

Pour accompagner la découverte de l’épopée de la colonne Leclerc, les fonds du musée et de grandes institutions partenaires ont été mis à contribution. Le visiteur pourra ainsi voir des équipements du LRDG prêtés par l’Imperial War Museum ou le National Army Museum, dont le fameux insigne des « scorpions du désert ». La victoire de Koufra sera évoquée grâce à l’authentique appareil photographique qui a permis de réaliser la prise de vue aérienne de l’oasis de Koufra le 31 décembre 1940, conservé par le musée de l’armée. Seront aussi présentés le fanion pris à la Sahariana, prêté par le musée de Strasbourg, et l’uniforme et les boussoles d’André Geoffroy, de la 2e compagnie de Découverte et de Combat (provenant du musée de l’Ordre de la Libération).

Compas de navigation pris à Mourzouk, Fezzan, 1941
Compas de navigation pris à Mourzouk, Fezzan, 1941. Photo Stéphane Piera, Paris Musées

 

Une plongée dans les sables du désert

Très évocatrice, la scénographie signée Alexis Patras est imaginée à partir des collections photographiques du musée. Elle est pensée comme une immersion dans l’immensité du Sahara, avec une approche résolument graphique du désert. Alors qu’une grande fresque chronologique situe tous les événements, le parcours présente des portraits et des focus thématiques dévoilant une grande histoire politique, mais aussi une aventure humaine et militaire. Extraits de lettres, témoignages de ces soldats, ou encore archives filmées provenant de diverses sources (ECPAD, IWM) :ces voix et ces images incarnent cette aventure et accompagnent la visite.

Désensablement d’un camion sur la piste de Bembeché au nord de Faya, Tchad (1942?)
Désensablement d’un camion sur la piste de Bembeché au nord de Faya, Tchad (1942?), Photo Yves de Daruvar, Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des dispositifs interactifs et innovants

De nombreux dispositifs de médiation numérique signés Opixido inviteront les plus jeunes à l’expérience du terrain. Ils permettront d’appréhender la lutte contre les conditions extrêmes d’un désert hostile, ou encore de voir les procédés de désensablement des véhicules motorisés. Des jumelles disposées en divers endroits du parcours proposeront des points d’observation redonnant tout leur relief aux dunes sahariennes, grâce à des photographies d’archives traitées spécifiquement. Pour aller plus loin, des cartels numériques inviteront à la manipulation d’équipements techniques : boussole, émetteur-récepteur, photographie aérienne, compas solaire. Ces quatre instruments indispensables à la survie dans le désert seront contextualisés de manière historique, et leur
manipulation en 3D donnera lieu à une mission ludique, pour mieux comprendre cette plongée dans le désert.

Aperçu des dispositif digitaux
Conception et réalisation Opixido

 

COMMISSARIAT

Sylvie Zaidman, conservatrice générale et directrice du musée de la Libération de Paris - musée du général Leclerc - musée Jean Moulin

CONSEIL SCIENTIFIQUE

Christine Levisse-Touzé, historienne, conservateur général honoraire du Patrimoine de la Ville de Paris, directeur de recherche associé émérite à Sorbonne Université

Général (2s) Jean-Paul Michel, président de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque

Gavin Mortimer, écrivain et historien britannique

Robert Rumble, conservateur à l’Imperial War Museums

 

Partenariat

 

 

 

 

 

 

Avec le soutien de 

logo ministère des armées

Abécédaire illustré

Biographies, focus géographiques, notices sur les équipements militaires nécessaires à la survie dans le désert, focus sur les forces en puissance : les 46 notices qui composent cet abécédaire sont autant de clés pour comprendre la campagne d’Afrique de 1940 à 1943. Cette publication est accompagnée de plus de 70 photographies, documents, objets et illustrations du dessinateur illustrateur Olivier Dangla.

13 x 21 cm, broché
120 pages
Éditions Paris Musées - 19,50€

AUTOUR DE L'EXPOSITION

PROJECTIONS

Autour de l'exposition un cycle de projection est proposé.
Ces projections sont proposées en entrée libre, dans la limite des places disponibles et ont lieu dans la salle de conférence du musée.


Samedi 25 mars à 15h
Compagnons de la Gloire
Un film de Yves Campi (source : archive CNC) (1h)

Projeté en mai 1945 au profit des oeuvres sociales de la 2e division blindée de Leclerc, ce ‰lm est une oeuvre d’Yves Ciampi, un médecin de la 2eDB passionné de cinéma. Commenté par Maurice Schumann, tout en rendant hommage aux hommes de Leclerc, il présente la 2eDB et son épopée au travers d’images authentiques.

Samedi 1er avril à 15h
Témoignages filmés de Pierre de Hauteclocque
Film de 1999 (31mn)

Dans cette interview réalisée pour le musée, « Rennepont » de son nom de guerre, Pierre de Hauteclocque, cousin de Leclerc, livre un témoignage détaillé sur la bataille de Koufra, oasis située au carrefour de la Libye, de l’Égypte et du Soudan tenue par les italiens de la Sahariana. A la tête d’un peloton motorisé, il affronte à plusieurs reprise l’ennemi dans ce qui sera la première victoire de la France Libre de la campagne d’Afrique.

Samedi 3 juin à 15h
Caravane blindée

Un film de Pierre Caillet (23mn).

Réalisé en 1946 sur la base d’images d’archives militaires (ECPAD), ce film déroule l’histoire et le parcours de la 2e Division blindée (2e DB).conduite par le général Leclerc, du Tchad (1941) au refuge d’Hitler à Berchtesgaden en Allemagne en 1945.

 

CONFÉRENCE


Le général Dio, connétable de Leclerc
Les écrits de combat de Leclerc
Mardi 28 mars à 18h

Une conférence dédiée aux nouvelles publications sur Leclerc et sur ses hommes.
Le Général (2S) Jean-Paul Michel, président de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque et auteur de l’ouvrage Le général Dio, connétable de Leclerc (Éditions Giovanangeli Bernard 2022) évoque Louis Dio, colonel commandant le régiment de marche du Tchad, chef de tous les fantassins de la 2e DB est l’un des plus glorieux parmi les proches de Leclerc mais demeure encore l’un des moins connus. 

Christine Levisse-Touzé et Julien Toureille présente son dernier ouvrage, Les écrits de combat du Maréchal Leclerc, à paraître prochainement. 

Sur réservation, en accès libre dans la limite des places disponibles : museeML.publics@paris.fr

EVENEMENT

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